Aurores Boréales : Nuit 2 Tromsø – Sommarøy

Aurores Boréales : Nuit 2 Tromsø – Sommarøy


Après un trajet d’un peu plus d’1h30, nous sommes de retour au chalet dans le camping. Pendant que les enfants retrouvent un peu de liberté après plus de 6h de voyage en voiture (pause repas incluse), on planifie la chasse aux aurores boréales. L’idée est de retourner sur l’île de Sommarøy pour bénéficier du cadre exceptionnel pour observer les aurores.

Alors que nous commençons le repas, nous sommes un peu dans l’expectative, allons-nous en voir ? De nombreux voyageurs sur internet font état de leurs nombreux séjours sans en voir beaucoup pour les fois où ils ont réussi à en voir. Même les tours operators prennent grand soin de préciser qu’il n’y a aucune garantie de voir des aurores boréales.

L’autre incertitude est sur la manifestation du phénomène, combien de temps dure-t-il ? Quelle est son intensité ? Combien de temps entre deux aurores ? De ce que l’on a pu lire sur les sites donnant des conseils pour les photographier les temps de pose sont très variables de moins d’une seconde à plus de vingt…

Alors que le repas touche à sa fin, l’alerte est donnée par Paloma qui regardait par la fenêtre. Il est à peine 19h, Stéphanie confirme vite qu’il s’agit bien d’une aurore. C’est notre première, toujours pleins de nos incertitudes quant à la durée et la fréquence de l’événement, c’est le branle-bas de combat. La température extérieure étant largement en dessous de -13°C, hors de question de sortir en l’état, mais il faut faire vite on ne sait pas combien de temps elle sera là, ni combien on en reverra dans la soirée …

C’est parti, le pied photo est de rigueur, le temps de faire quelques menus réglages de l’appareil photo, mode manuel, ouverture maximum, temps de pose inférieur à la seconde et iso à 6400, pas le temps de peaufiner …

Ca y est les premières images s’affichent sur l’écran de l’appareil photo, c’est bon on la voit, c’est l’emballement elle est toujours là, elle ondule se tord et progresse dans la nuit. Pour combien de temps va-t-elle encore nous honorer de son spectacle ? Il est difficile de bien réfléchir et d’agir posément, les photos s’enchainent bougeant d’un endroit à un autre, prenant le temps de profiter de l’instant …

Ce n’est pas le cadre imaginé, mais il faut essayer de composer avec : c’en est une, on est venu pour cela et on ne sait pas combien de temps le long ruban lumineux va continuer d’ondoyer au-dessus de nos têtes, ni même si nous allons en voir d’autres ce soir …

Tout doucement le ruban devient plus diffus, les dernières vagues s’effacent dans le ciel laissant apparaitre les étoiles …

On en a vu une … c’est une première victoire, derrière l’euphorie qui s’estompe doucement pousse le besoin d’en voir d’autres. Ici on est presque dans le cœur de la ville, et la lune inonde le paysage  de ses doux rayons ; ce ne sont pas les meilleures conditions pour observer les aurores. La chasse est ouverte, après l’excitation, vient le moment de l’action. Tout le monde s’équipe, la nuit ne fait que commencer, il nous faut partir en chasse. La nuit est froide, les vêtements chauds vite enfilés, nous voici dans la voiture en direction de Sommarøy. Nous traversons les lumières de la ville, tout en scrutant le ciel à la recherche d’une autre aurore boréale.

Nous avons commencé à observer la première aurore à 19h pendant plus de 20 minutes. Lors de notre départ du camping à 20h16, elle est toujours légèrement présente dans le ciel. Les minutes passent, nous passons l’aéroport de Tromsø, puis le pont nous amène sur l’île de Kvaløya. Nous laissons derrière nous le plus gros des habitations, pour ne plus trouver que quelques maisons bordant la route qui nous fait longer la mer.

Devant nous, une nouvelle aurore boréale se dessine, elle danse s’amplifie

puis s’atténue, elle semble s’enrouler, prenant naissance derrière une chaine de montagne avant de fendre  le ciel pour disparaitre de l’autre côté de la baie derrière une montagne naissante baignée dans la lumière de la lune.

Un parking salvateur nous permet de nous arrêter au bord de l’eau pour profiter du spectacle, ce n’est toujours pas l’endroit où nous souhaitions aller, mais nous ne pouvons pas laisser passer ce moment, nous n’avons toujours pas toutes les réponses à nos questions sur la fréquence  de leurs apparitions.

L’aurore semble vivante, elle bouge et se transforme au fur à mesure que les secondes s’écoulent. Celle-ci semble lancer ses rayons à travers le ciel depuis les montagnes. Fusant tout droit vers le ciel, ils se mettent à danser pour finalement tous tourner au-dessus de nos têtes, comme pour essayer de retourner à l’endroit d’où ils sont apparus.

Encore quelques minutes dans le calme de la nuit, même la mer s’est tue, et les vagues viennent mourir silencieusement sur la rive dans un mouvement lent, comme suspendu dans le temps.

Nous reprenons la voiture, il va nous falloir traverser tout le long défilé entre les montagnes avant de revoir la mer et le fjord où baigne Sommarøy. Pendant un moment dont la durée nous a échappé, nous nous retrouvons à fendre la route à la lumière des feux de la voiture, au milieu d’un paysage baigné de la lueur de la lune. Tout semble calme, apaisé, le ciel reste noir, seul le halo de la lune et les étoiles nous accompagnent. Ca y est, avons-nous vu tout ce que cette nuit nous réservait ? La question reste dans nos têtes, comme-ci la poser allait donner réalité à la réponse, les émotions déjà vécues remontent. L’apparition de la première, l’excitation de la seconde, le début de la chasse, les questions aussi, allons-nous dans la bonne direction, n’aurions-nous pas dû rester là où le soleil depuis sa tanière avait su nous gratifier de ses lumières boréales ….

Perdus dans nos pensées, l’horizon semble de nouveau prendre vie, une vague lueur verte au début, puis un ruban, un arc qui rejoint les montagnes semblant nous inviter à continuer sur notre route.

La nuit ne fait que commencer, le soleil n’a pas fini son spectacle, il fait seulement son tour de chauffe, les longs rubans se déploient de nouveau dans le ciel, ils ondulent, ils hésitent, s’arrêtent un court instant, comme pour reprendre leur souffle puis repartent à travers l’immensité des paysages. Seule la morsure du froid nous sort de la contemplation du spectacle, pour nous ramener dans la chaleur de la voiture et continuer notre périple.

Nous sortons enfin du défilé pour rejoindre le fjord, l’objectif n’est plus très loin. Cependant l’orientation et la proximité des montagnes nous empêchent de voir si d’autres aurores dansent dans le ciel. Nous continuons de traverser les paysages endormis sous la neige et baignés dans la lueur de la lune. La combinaison de la lumière de la lune et de la réflexion de la neige laisse apparaitre devant nous tout le paysage. De longues minutes passent, quand enfin l’ile de Sommarøy se dessine devant nous.

Nous nous engageons sur la dernière langue de terre, le pont … Devant nous un fin ruban commence à s’agiter, il hésite, ondule, et commence à se renforcer, de longs traits verticaux commencent à émerger, fluctuant changeant dans leur intensité.

Il faut trouver un endroit pour s’arrêter, à chaque seconde qui passe l’aurore se renforce. C’est elle, c’est l’aurore que l’on s’imagine tous, elle est là un long ruban qui traverse le ciel chatoyant et ondulant, son intensité se renforce, on sent que le ciel ne parvient plus à contenir l’énergie qui le traverse, le ruban se tord, se contorsionne, il explose, la lueur commence à emplir tout le ciel.

Un parking se découvre devant nous juste le temps de sortir de la voiture pour profiter du spectacle.

L’aurore éclate dans le ciel, se libérant, laissant apercevoir son énergie, le ciel entier devient vert au-dessus de nos têtes …

L’aurore a pris vie, il n’y a plus qu’elle dans le ciel, tous les autres éléments semblent s’être mis en retrait. Elle bouge tellement vite qu’il devient impossible de saisir toute sa complexité et sa beauté dans une simple image, c’est une de ces aurores qu’il faut vivre pour en prendre toute la dimension …

L’explosion fut telle que son énergie se disperse dans l’immensité du ciel en fin nuage qui disparait lentement…

C’est un peu groggy que nous remontons dans la voiture pour aller au bout de la route voir la fin du spectacle… Lorsque nous arrivons sur le parking quelques groupes de personnes sont là, en haut d’une petite colline qui permet de dominer la baie.

Au loin les rubans traversent le ciel, déchirant le noir de la nuit …

Lentement les aurores s’atténuent, laissant deviner par endroit une lointaine activité. Le froid commence à se faire sentir remplaçant tout doucement le spectacle des aurores… Nous sommes le 23 février lorsque nous reprenons la voiture en direction de Tromsø. Une dernière photo de l’île de Sommarøy, où les nuages sous l’impulsion de la lune prennent l’ascendant sur les aurores.

Le chemin du retour se fait dans le calme de la nuit, ponctué ici et là de quelques aurores lointaines.

Après un tel spectacle, nous avons le sentiment que toute nouvelle aurore que nous verrons sera du bonus, le contrat de ce voyage est déjà rempli dès la première soirée … Il ne reste plus qu’à rentrer se reposer et voir un peu les résultats de cette soirée se dessiner sur l’écran…

 

 

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