Après quelques temps d’absence, voici un nouvel article avec des photos qui ont pris le temps de mûrir. Si les photos figent l’instant présent, il est parfois agréable de les laisser de côté pour revenir vers elles avec un œil neuf et laisser doucement remonter les émotions qu’elles peuvent transporter.

Nous voici de retour en août pour une randonnée sur le célèbre « sentier Martel ». Le sentier Martel fait partie de ces sentiers de grande randonnée à faire quand on va dans le Verdon (et que l’on aime marcher).

Long de 14 km, il faut compteur de 6 à 8 heures de marches pour le parcourir. Le sentier épouse le trajet du Verdon en emmenant le randonneur tantôt sur les hauteurs des balcons, tantôt au près du torrent, sillonnant au travers des bois et des éboulis …

Nous avons opté pour faire le trajet depuis la Maline vers le Point Sublime. Et vu la longueur du parcours, hors de question de faire l’aller-retour dans la journée. Heureusement des navettes sont organisées entre les deux points.

Le sentier Martel, ainsi nommé en l’honneur du spéléologue E-A Martel qui fut le premier à réaliser la descente intégrale du canyon en aout 1905, fut créé par le Touring club de France. Récemment, il fut réaménagé pour le sécuriser (tels les éboulis de Guègues ci-dessus) et faire face à sa grande fréquentation.

La randonnée chemine pour beaucoup au travers des bois dont la fraicheur est appréciable en été. Parmi les arbres d’essences très variées hêtres, frênes, sumacs (aux couleurs flamboyantes en automne) des chênes royaux se sont ancrés sur les pentes abruptes toisant le randonneur de leurs branches magnifiques …

Après un petit détour pour aller voir la boucle de la Mescla (qui nous laissa un peu sur notre faim) nous arrivons au Belvédère de la brèche Imbert. Magnifique éperon rocheux qui domine le Verdon et s’ouvre vers le couloir Samson. Pour passer l’éperon, il faut emprunter une suite de 6 échelles qui totalisent pas moins de 240 marches, échelles qui s’approchent plus de l’escalier (Pour ceux qui sont sensibles au vertige il faudra emprunter le sentier depuis le point sublime pour avoir la chance de monter et non descendre ces 240 marches.)

Le sentier dans son cheminement, conduit le randonneur aux pieds des falaises gigantesques s’élevant à près de 700 mètres

Où les vautours règnent en maîtres des airs, accompagnés dans leur vol gracieux par quelques hirondelles des falaises …

L’approche des derniers ouvrages humains indique la fin du périple. Il s’agit des tunnels du Trescaires (100 m) et du Baou (670). Tunnels pour lesquels un petit pull et une lampe de poche s’avèrent être utiles.

Ces tunnels remontent aux années 1902, le but était de couper le cours du Verdon au niveau de la clue de Carajuan et d’amener les eaux du torrent à une usine hydro-électrique à la sortie du grand canyon. Le projet dont la moitié fut réalisée fut définitivement interrompu par la guerre.

Après de longues de marches, le couloir Samson se dessine enfin devant nous. Dernière montée pour rejoindre le point sublime. Il nous aura fallu moins de 7 heures en tout pour relier la Maline au Point Sublime en passant par la boucle de la Mescla. Le spectacle que nous offre le Verdon et la beauté minérale de ses falaises où le végétal tente de trouver sa place ne peut pas laisser indifférent le promeneur qui parcourt se sentier.

Il est difficile de conter ou même transmettre dans une photo ce que l’on ressent au milieu de ce canyon, il faut le vivre pour comprendre la force de cette nature encore quasiment sauvage …

Le sentier Martel fut une belle randonnée, mais il reste pour moi, malgré la splendeur des falaises de l’Escalès, derrière le sentier du Baou Béni qui nous emmène au plus proche du Verdon et des Gorges…